dimanche 25 décembre 2011

SEMAINE # 40     /Fd37
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Jusqu'au 31/12, étalez le paiement de vos dépenses à des conditions exceptionnelles ! Faites votre demande au 0820123577 (6,66€TTC/min depuis un poste fixe). Un crédit vous engage et doit être remboursé. Vérifiez vos capacités de remboursement avant de vous engager. Stop SMS répondez stop.

JUMP #1 - FOR ROBERT LONGO  /  PJ Dolphin feat. His Ghosts Writers
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dimanche 18 décembre 2011

SEMAINE # 39     /CH
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Friche
Nous baignions alors dans une chaleur moite, anormale en cette saison et dont nous ne pouvions déterminer la cause avec exactitude : la présence encore soutenue du soleil combinée à l’absence quasi permanente de vent ; la pollution due aux véhicules, dont le nombre continuait de croître exponentiellement, ou aux industries qui crachaient sans cesse à toute heure du jour et de la nuit et sans jamais aucune interruption d’aucune sorte  en fin de semaine ou au cours de vacances éventuelles ou même lors de jours censément fériés  des fumées sombres et chargées de résidus toxiques ; les incendies allumés ici et là et dont les pompiers ne pouvaient pas venir à bout tant les foyers étaient nombreux, constamment renouvelés, en guise de protestation, signes d’une révolte qui n’avait plus d’autre moyen pour s’exprimer que le recours à cette violence terrible et rougeoyante.

NORD SUD  /  Halspirit
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dimanche 11 décembre 2011

SEMAINE # 38     /Fd37
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1932 SC 87
Lorsque la voiture glisse vers la sortie, le profil de la conductrice, a peine entrevu, est immédiatement celui de Claudia. Claudia, triste parfait exemple de l'amour raté, celui où le déphasage des gestes et des paroles vient à bout d’une promesse. Celle du plaisir entrevu le soir, dans l'air chaud de l'été. Au feu rouge, intentionnellement à gauche, mon regard pour revoir la ressemblance parfaite. Parfaitement troublante. Les cheveux à chignon sévère, le regard vert que viennent hanter les regrets accumulés, mal exorcisés. A un feu rouge, un soir de pluie.

HALLOWEEN  /  Vesica Piscis
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dimanche 4 décembre 2011

SEMAINE # 37     /CH
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Courir

Tu étais en retard au rendez-vous, comme d’habitude. Il n’était plus là, peut-être même n’était-il jamais venu, tu ne pourrais pas le savoir. C’était sans doute mieux ainsi : pas besoin d’explications, pas besoin de long discours, pas besoin de larmes, de cris, de heurts, aucune violence si ce n’est celle qui te rongerait le ventre pendant quelques heures encore et annonçait une nuit pénible. Finalement, tu aurais aussi bien fait de t’éviter le déplacement tant l’issue, quoi qu’il se soit passé, en était évidente.

HAPPY BIRTHDAY  /  Fugue Satori
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dimanche 27 novembre 2011

SEMAINE # 36     /Fd37
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Frémissant d'impatience, je ferme mes dossiers. Ce lundi sera une grande fête de l'hiver, de la chaleur et du plaisir. Nous allons nous serrer l'un contre l'autre et mélanger nos chaleurs au milieu du froid. Comme il me tarde de goûter la saveur salée de ton sillon.

THE SOUND OF SUGAR  /  Pascal Meurisse
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dimanche 20 novembre 2011

SEMAINE # 35     /CH
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Traces
Nous nous faisions face. Dans ses pupilles je croyais deviner un soupçon de mélancolie, comme si elle avait contemplé un paysage pluvieux ou une œuvre d’art abstrait qui aurait évoqué en elle des souvenirs teintés de tristesse. Ses yeux ne croisaient que très rarement les miens, immobiles pour leur part, et fixés sur son regard perdu. J’aurais aimé me glisser derrière le bleu quasi transparent de son iris et partager ses pensées, voir mes propres yeux à travers les siens et savoir si elle pouvait y lire autre chose qu’un désir indéfini et mensonger.

APHRODITE  /  Lucie Dehli
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dimanche 13 novembre 2011

SEMAINE # 34     /Fd37
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Ci-joint, hier et aujourd'hui. Le monde tourne autour de nous avant de s'écraser sur le sol. Melancholia ? la lumière du matin était magnifique, dorée, rasante, aveuglante. Pas de trouvaille mais discuté avec une peintre qui photographiait des caisses de chaussures dépareillées.
11/11/11

KIDS ON CRASH  /  Helluvah
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dimanche 6 novembre 2011

SEMAINE # 33     /CH
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Reflets
Toutes ces vies en mouvement
Toutes ces vies en suspens
Toutes ces vies qui m’échappent
Toutes ces vies à propos desquelles je ne sais et ne saurai jamais rien
Toutes ces vies qui ne sont pas la mienne
Toutes ces vies sans relief
Toutes ces vies qui s’écoulent monotones et sans laisser de trace
Toutes ces vies qui s’efforcent de laisser une trace
Toutes ces vies qui consomment
Toutes ces vies qui se consument
Toutes ces vies qui se renouvellent sans cesse
Toutes ces vies par milliards
Toutes ces vies par hasard
Jusqu’au vertige.

SADNESS OF HEARTS  /  Tejo Bolten
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dimanche 30 octobre 2011

SEMAINE # 32     /Fd37
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Longtemps tout est simple. Viennent les complications du temps traversé, tout se brouille. Avant de recomposer, sous l'oeil des caméras de surveillance, ce que l'on accepte. Avant d'y trouver le plaisir en fragments. Et de sourire à l'espace puzzle.

LA MARGE  /  Ert
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dimanche 23 octobre 2011

SEMAINE # 31     /CH
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Amoureux
C’est tout naturellement et avec une sensation de légèreté inconnue, surprenante, et inattendue que j’avais formulé ma demande. Elle m’avait d’abord regardé, muette mais sans qu’aucun étonnement ne puisse être deviné dans ses yeux sombres, avant que sa main droite se porte à son chemisier et en défasse deux boutons. Elle me livrait ainsi son buste sous un soutien-gorge en dentelle claire, comme une offrande incongrue. Sa main était passée derrière son dos pour dégrafer le sous-vêtement et sa poitrine s’est légèrement affaissée quand elle n’a plus été soutenue. Je me suis approché d’elle et, sans hésiter, ai enfoui mon visage entre ses deux seins d’une blancheur pâle à travers lesquels je sentais sa respiration calme et les battements réguliers de son cœur. J’avais fermé les yeux et, en même temps que je devinais une molle érection, des larmes sont arrivées sans couler sur le bord de mes paupières, retenues par une barrière invisible, imperceptible picotement qu’elle ne pouvait pas soupçonner. Tous les deux nous savions que ce moment bref, comme en apesanteur dans le déroulement de la journée, comme un éblouissement dans la suite de nos rencontres, resterait définitivement sans lendemain,  qu’aucune nécessité ne nous pousserait jamais ni elle ni moi à aller plus loin, pas davantage à recommencer et que c’est ce caractère miraculeux qui en ferait tout le poids, comme une marque indélébile, un pacte.

LOVER O LOVER  /  The Great Park
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dimanche 16 octobre 2011

SEMAINE # 30     /Fd37
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Un bref instant de découragement. Vite surmonté.

RESTORED  /  Michel Delville
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dimanche 9 octobre 2011

SEMAINE # 29     /CH
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Vitrail
J’avais pris le métro jusqu’à la cathédrale
Empli d’un désir à moitié muet
Ailleurs un par un le bruit des fusils meurtriers
Avait cessé
Point final à ces guerres saintes
Engagées en pure perte
Quand dieu était célèbre
Des âmes enragées ont détruit
Les vitraux
L’aveugle en rémission a troqué sa sébile
Contre un peu de lumière et des éclats de verre.

THE LAST DAY BEFORE THE FIRST DAY  /  Peter James
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dimanche 2 octobre 2011

SEMAINE # 28     /Fd37
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En théologie, la politique de la chaise vide a conduit à mettre en doute la pertinence de l'approche néo-fonctionnaliste, notamment en relativisant le spill-over, ou engrenage automatique. Sous cet angle, la rigidité supposée des décisions divines naît de blocages interférentiels potentiellement aggravés par l'expansion de l'univers. Cet élargissement, souvent imagé par le gonflement d'un gâteau aux raisins, rend de plus en plus difficile tout juste compromis supranaturel.


PENETRATION  /  Kratong
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dimanche 25 septembre 2011

SEMAINE # 27     /CH
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Pour Serge
Dieu, s’il existe,
est inconcevable.

Dieu, s’il existe,
fait bien de rester caché car,
plus nombreux que les louanges,
l’accueilleraient les griefs.

Dieu, s’il existe,
sait la souffrance de ne pas pouvoir
croire.

Dieu, s’il existe,
est irrationnel.

Dieu, s’il existe,
n’a rien d’humain.

Dieu, s’il existe,
ne nous doit rien.

Dieu, s’il existe,
n’est pas un assassin.

Dieu, s’il existe,
est poésie.

ONE STAR GLEAMING MORE  /  Andrew Paine
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dimanche 18 septembre 2011

SEMAINE # 26     /Fd37
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Vous disposez d'environ 100 litres d'eau propre dans un réservoir positionné sous la banquette arrière. A 4 personnes, vous pouvez tenir 2 jours en vous douchant quotidiennement. Mais attention : il faut savoir couper l'eau quand on ne l'utilise pas. Nous vous recommandons de profiter de la proximité d'une alimentation extérieure pour faire votre toilette, laver votre vaisselle ou vous livrer à toute activité consommatrice d'eau. En repartant ensuite avec le plein d'eau, vous garderez ainsi une autonomie prolongée. Pensez-y !


RADAXIAN LOST, RADAXIAN FOUND  /  Nick Grey
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dimanche 11 septembre 2011

SEMAINE # 25     /CH
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Festival
Comment
Supporter la douleur
Résister au malheur

Comment
Faire face à la souffrance 
Taire l’horrible impuissance

Comment
Ne pas se résigner
Continuer sans hurler

Comment
Masquer les défaillances
Rêver de réjouissances

Comment
Affronter la débâcle
Renoncer au miracle

Comment
Trouver l’apaisement 
Prononcer en silence
Les doux mots qui soulagent. 

FOR JULIET  /  Martin Rimbaud Mathoul Trio
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dimanche 4 septembre 2011

SEMAINE # 24     /Fd37
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Comment se conjugue l’immuable au fil des innovations techniques ?

OKÄND MARK  /  Yannick Franck
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dimanche 28 août 2011

SEMAINE # 23     /CH
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Matière organique
« Non, je ne vois pas. Je ne vois pas ce que tu me reproches. Ce n’est pas clair du tout.  (silence) Et pourquoi justement maintenant ? »
De là où je suis-je n’entends que la voix de la femme, qui parle relativement fort et que le vent pousse jusqu’à mes oreilles, pas celle de son interlocuteur.
La plage est quasiment déserte et la mer s’est retirée. J’avais décidé, après avoir consulté les horaires des marées sur le petit dépliant remis à l’Office du Tourisme, de venir marcher sur le sable mouillé à la recherche de coquillages.
« Mais non, mais c’est toi. Y a rien à voir c’est trop facile. (silence) Aucun rapport.  On ferait mieux d’en parler ailleurs qu’au téléphone. »
Dans mon souvenir les formes étaient plus variées. J’espérais retrouver ces petits jaunes bombés d’un côté et s’ouvrant sur l’autre avec une petite fente légèrement dentelée, ou encore ces tous petits bigorneaux, jaunes eux aussi, ces nacres translucides aux reflets argentés, rosés ou mauves, en guise de quoi je ne vois que des coques ou des moules, quelques rares berniques et de nombreuses brisures impossibles à identifier. Concentré sur ma recherche, m’accroupissant par moments pour saisir un coquillage que je retourne avant de le rejeter la plupart du temps car il est troué ou détérioré en partie, je n’entends plus la femme qui reste immobile sur le sable sec, en haut de la plage et de laquelle je m’éloigne de plus en plus bien que mes pas soient irréguliers et plutôt lents.  Derrière elle, sur la grève, des promeneurs passent, silhouettes imprécises que mes yeux myopes sont incapables de distinguer, formes colorées protégées par des vêtements de pluie. Pourtant il ne pleut pas sous le ciel gis chargé de gros nuages.
Je suis si proche de l’eau que certaines vagues viennent jusqu’à mes pieds qu’elles caressent froidement. Ma récolte est mince, insignifiante même et d’ailleurs je ne compte pas conserver les rares coquillages que j’ai dans la main. Pour en faire quoi ? Je me demande toutefois si mon regard est moins aiguisé qu’autrefois ou si c’est simplement ma perception qui a changé et que ce que je voyais comme précieux, beau, rare, m’apparaît aujourd’hui comme insignifiant. Je continue cependant à accompagner la mer dans sa descente, machinalement, sans raison.

MONOLITHES   /  Serge Planchou
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dimanche 21 août 2011


SEMAINE # 22     /Fd37
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- Vous voyez la lumière ?
- Oui
- Et maintenant, vous la voyez toujours ?
- Oui... Mais moins bien.
- Et là ?
- A peine... Faiblement.
- Et là, vous voyez quoi ?
- Rien, plus rien. Je ne vois plus rien. C'est normal docteur ?

ERI ASAI AWAKES (Part 2, Take 1)   /  Didier Guigue
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dimanche 14 août 2011


SEMAINE # 21     /CH
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Pépin, la bulle
Tenter, coûte que coûte,
De conserver l’esprit d’enfance.
Savoir, pouvoir,
S’émerveiller d’un rien,
S’émouvoir sans réserves.
Retrouver l’envie du jeu,
Echapper à l’asphyxie
A toutes les castrations
A toutes les privations.
Sauter sans avoir peur
De perdre pied.
Oser toutes les figures.
Ebloui
Par les couleurs en traits vifs
Attiré par les éclats de vie
Et les bras qui se tendent,
Retomber au hasard,
Et reconnaître alors
Cette sensation intense
De brûlure,
Comme d’avoir enfoui
Les doigts
Dans une fourmilière.

MY NAME IS SAFE IN YOUR MOUTH (Myrddin Mix)   /  Susan Matthews
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dimanche 7 août 2011

SEMAINE # 20     /Fd37
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Conjuguer jamais
Si l’on pouvait

Les deux corps mélangés
Pour voler mes pensées

DUST   /  Eyeless In Gaza
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dimanche 31 juillet 2011

SEMAINE # 19     /CH
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Relique
Nous serons alors dépouillés de tout
Nus comme au début
Nous réinventerons des dieux sans prophètes
Que nous ne craindrons ni n’adorerons
Dont nous n’attendrons pas de châtiment
Et pas de secours
Et qui en échange n’exigeront rien
Ni prières ni temples
Nous nous méfierons de ceux qui prétendent
Porter la parole et dicter leurs ordres
Nous emprunterons
Les chemins nouveaux d’une errance confuse
Des idoles perdues
Tenteront en vain de nous rassembler
Mais de tous leurs coffres tabernacles morts
Tomberont les livres de comptes mensongers
Que par devers eux ils voulaient garder.


IN THE BEGINNING   /  My Brightest Diamond with yMusic
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dimanche 24 juillet 2011

SEMAINE # 18     /Fd37
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Standard & Poor's menace à son tour de dégrader la note des Etats-Unis.

A SPLINTERED MIRROR   /  Brian Lavelle
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dimanche 17 juillet 2011

SEMAINE # 17     /CH
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La toupie
Après-midi d’été. Sur la place des enfants jouent. De grands arbres dispensent une ombre qui atténue à peine l’impression de chaleur étouffante. Assis, sur un banc fraîchement repeint d’un rose sombre d’assez mauvais goût, j’observe. De l’autre côté de la place, légèrement masqué par les jeux destinés aux enfants, tourniquet, toboggan, balançoires notamment, un homme s’est accroupi. Il a une quarantaine d’années et porte un costume dépareillé. Il a enlevé sa chaussure droite et il tape avec sur un objet que j’ai du mal à identifier. La chaussure est un outil peu résistant et il ne parvient pas à démanteler ce qui, en fait,  a l’air d’être une tour d’unité centrale d’ordinateur. Il la remet à sa place et donne un coup de pied à l’objet qui bouge un peu mais sans s’ouvrir. Il saute dessus et cette fois la coque de protection cède. Il s’accroupit et, ne disposant pas d’outil, comme mu par un réflexe immémorial, se saisit d’une pierre pour tenter de démonter ce qui peut l’être. Il frappe méthodiquement, patiemment désormais que la bête est ouverte. Il glisse certaines pièces dans une poche en plastique qu’il a sorti de sa veste. Il s’acharne sur certains endroits puis se redresse, totalement indifférent au regard des autres, et part avec sa précieuse récolte. J’imagine qu’il tentera de revendre le tout à quelque ferrailleur. A ma gauche une femme est venue s’asseoir. Elle semble attendre quelqu’un ou quelque chose, préoccupée. Elle a un livre ouvert entre les mains mais n’en tourne jamais les pages et bien que ses yeux soient dirigés vers cet ouvrage, dont je n’ai pas réussi à lire le titre, c’est comme s’ils restaient bloqués sur le premier mot, incapables d’aller plus loin. Moi je n’attends rien, ni personne.  Sur un autre banc, à quelques mètres, de vieux maghrébins discutent doucement. Ils mélangent sans difficulté le français et un arabe aux intonations plutôt algériennes mais je soupçonne l’un d‘eux d’être originaire du Maroc. Un homme de leur âge passe en traînant les pieds, comme s’il avait des difficultés pour se mouvoir. Il les salue avec un fort accent pied-noir. Ici, ceux qu’on appelait les rapatriés, sont encore nombreux. Avec la chaleur tous ces hommes doivent s’imaginer revivre leur jeunesse africaine. Pas de palmier sur la place pour conforter leur imagination. Pas de clapotis de la mer non plus. Seulement le bruit des enfants qui crient et rient en se poussant et le piaillement de quelques oiseaux. D’un petit sac en tissu l’homme sort divers objets hétéroclites : un éventail, une lampe de poche, une boîte de conserve dont il soutient que le contenu n’est pas périmé en lisant la date inscrite sur le fond, des cartes postales écrites qui pourraient tenter un collectionneur, des bibelots et les propose à la vente à un prix dérisoire. Sans succès. Un avion passe et son vrombissement assourdissant couvre tous les autres sons. Je n’ai pas entendu sonner le téléphone portable de ma voisine pourtant elle l’a porté à son oreille et a commencé une conversation avant que le bruit des moteurs ait complètement disparu. Elle semble énervée, en colère même, mais il n’est pas possible de savoir de quoi il retourne. Elle parle pourtant fort mais les mots, mis bout à bout ne prennent pas un sens intelligible. Elle s’exprime par exclamations, affirme son refus par des « Non ! » sans appel mais elle ne forme pas la moindre phrase. Deux jeunes hommes, un blanc et un noir, mal rasés, vêtus salement, et apparemment passablement éméchés arrivent en titubant, hilares. L’un d’eux, le blanc, porte une petite pancarte en carton sur laquelle une écriture rouge irrégulière demande des subventions pour l’ouverture et le soutien d’une activité de cinéma ambulant en plein air. Il paraît difficile de croire à la viabilité de ce projet et même au début de sa réalisation. La femme a raccroché, contrariée. Même eux, les jeunes hommes, ne semblent pas motivés par ce qu’ils affichent et ils ne demandent d’ailleurs rien à personne. Ils ont posé la pancarte qui tient tant bien que mal verticalement, bancale, appuyée au sol grâce à des rabats. Le noir pousse une espèce de chariot qui pourrait autrefois avoir été un landau et sur lequel sont accrochés d’autres cartons, plus petits, recouverts d’écritures multicolores totalement indéchiffrables. Il s’appuie dessus pour ne pas tomber, ce qui lui donne une démarche irrégulière et peu assurée. L’autre reprend sa pancarte et repart d’un pas léger, comme s’il dansait. Personne n’a donné la moindre pièce à ces apparitions quelque peu surréalistes. La femme ne semble même pas les avoir remarqués. Elle a sorti un petit miroir du sac à main qu’elle tient sur ses genoux et réajuste son maquillage comme si elle avait un rendez-vous galant. Au final sa bouche est trop soulignée et ce qui se voudrait séduisant est davantage vulgaire. Elle compose un numéro sur l’écran de son portable. « Oui… C’est moi… Oui… Tout de suite. » Elle se lève et repart d’un bon pas dans la direction de laquelle elle était arrivée. Derrière le tourniquet avec lequel plus aucun enfant ne joue, une jeune femme, à peine majeure, semble se débattre contre trois jeunes hommes guère plus âgés. Elle rit à pleines dents. L’un des garçons a un appareil photo numérique compact et immortalise la scène, si l’on peut dire car ces photos se volatiliseront sans doute sur les réseaux sociaux. Les parents des enfants qui jouaient en face de moi sont venus les chercher et malgré quelques réticences les enfants ont quitté la place. Je reste assis, le spectacle va continuer.

ROBERT RAUSCHENBERG'S SUMMER RENTAL # 2 (abridged)   /  Alain Pire
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dimanche 10 juillet 2011

SEMAINE # 16     /Fd37
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« Ça me faisait un peu peur au début, j'avais peur d'avoir mal. Mais un soir où j'ai un peu trop bu, mes 3 cousins ont commencé à déconner et j'ai enchaîné direct. Je voyais que je les chauffais trop : j'ai pas raté ma chance. Je me suis mordillée la lèvre de plaisir. Ça m'a excitée davantage alors je leur ai dit : "bordel mais arrêtez de parler et montrez moi de quoi vous êtes capables !" Le défi les a drôlement chauffé. Paul m'a appuyé sur le dos pour que je me courbe au maximum et Luc et Michel l'ont rejoint. J'ai fouilli si fort et si longtemps que mes voisins ont tapé du pied. Mais moi, j'ai trop adoré. Si ma vie te gonfle, et que tu ne veux plus mes messages, dis moi. Et une dernière chose : si tu apprécies mes messages, stp, rajoute moi dans tes contacts ! J'en ai trop marre des gars qui ne répondent jamais, j'ai l'impression de parler à un mur, ça me gonfle vraiment. Alors si tu veux qu'on discute plus facilement ensemble, si je suis dans tes contacts, tu seras sûr d'avoir mes messages. A plus. »

FALLING FORWARD  /  Scanner
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